Ernesto Castillo

mots el son :: lumen :: Installation Décryptages 2012

Installation Decryptages 2012

Installation Décryptages 2012

Installation sonore et Video
avec sculpture et objets Castilloutz (Frédérique Loutz & Ernesto Castillo)
Salle basse site castral– Saint-Cirq-Lapopie
Dans le cadre de la Residence des artistes Maisons Daura 2012.


Installation : vidéo, son, couronnes en métal découpées, dessin projeté, figure de sel au sol.

Texte Martine Michard :

Dans ce lieu creusé qui s’apparente à une grotte, les artistes ont voulu créer une atmosphère propice à évoquer l’univers alchimique. L’association d’images et de sons, appartenant à des temporalités différentes, contribuent à installer une ambiance non exempte de religiosité où s’enchevêtrent histoires et mythes fondateurs de la complexité du monde.

Tous les sens sont convoqués pour apprécier cette installation in situ.

Un film vidéo projetté au fond de l’édifice, retrace la fabrication des couronnes en acier, suspendues sous la voûte. Le métal travaillé produit des gerbes de feu, (sans toutefois se transformer en or !) qui semblent sortir d’une source à même le mur de l’édifice.

Les couronnes résultant de cette transformation se découpent dans la lumière et projettent leur ombre mouvante sur les parois.

Le son de l’atelier de ferronerie mixé à celui de deux musiciens improvisateurs enveloppe l’espace d’une présence énigmatique, soutenue par la voix du narrateur. Le texte, dit en allemand mais dont la traduction française défile en bas de l’image, donne aux mots une présence physique dans l’espace.

Deux figures viennent compléter le dispositif : sur la paroi lattérale moussue, un dessin projeté représente une sorte d’odalisque en pulsation, qui ramène à la fresque et la retire alternativement. L’image se dérobe, alors qu’au sol une silhouette blanche couronnée lui fait écho et la fige dans le sel.

Le récit biblique de Loth et ses filles est évoqué dans cette figure de Loth ennivré et couché dans la grotte où ses deux filles ont abusé de lui. L’ivresse nécessaire à cet inceste – qui donnera une descendance au roi déchu- est associé à l’élixir de longue vie des alchimistes du Moyen-âge. Le caractère transgressif et sexuel de cette histoire appartient au vocabulaire générique des artistes mais trouve une résonnance particulière dans cette géographie.

L’évocation de l’allégorie de la caverne semble incontournable tant se pose ici la question de quoi voir et comment voir. Pour Platon, la condition première de l’humanité est l’ignorance : produit de l’éducation et des idées reçues, elle rend l’homme prisonnier des apparences. La révélation du réel interdit toute sécurité et trace un chemin de solitude mais aussi de vérité.

En mêlant ces deux histoires, Les artistes ont délibérément choisi de nous perdre, nous invitant, entre les méandres et les rebonds d’une pensée alerte, à initier une lecture personnelle de leur « Décryptages ». D’où nous vient la nécessité de sacraliser une chose ? Peut-être suffit-il de creuser à travers toutes ces images sous la pression très palpable du poids de la pierre pour trouver la réponse…

Frédérique Loutz et Ernesto Castillo envisagent le chemin vers la connaissance sensible comme relevant du rite initiatique, celui qui se construit au creux même des perturbations les plus délicates.

Martine Michard

Que François Bessac et Jean-Pierre Hiriartborde (musiciens), Benjamin Pégourié (ferronier) soient ici remerciés pour leurs contributions à ce travail.



Decryptages 1 Decryptages 2 Decryptages 3

Decryptages 4 Decryptages 5 Decryptages 6

Video “Décryptages” 2012